La motoneige a toujours été un passetemps très populaire en Ontario et au Québec. Cette année, on voit même un regain de popularité pour cette activité hivernale. La pandémie et les restrictions de déplacements y sont pour quelque chose, puisque beaucoup de gens se sont retrouvés restreints dans leurs voyages ou leurs déplacements en province.
Toutefois, il semble que depuis un temps, les motoneigistes s’aventurent un peu trop hors des sentiers balisés pour y faire du «hors-piste» sur des terres ou terrains privés qui ne leur appartiennent pas. Le phénomène n’est pas nouveau et plusieurs vous diront que chaque année il y a toujours quelques récalcitrants qui se moquent des règles établies.
L’état des champs en souffrance
Cet hiver, le problème semble encore plus présent qu’à l’accoutumée et on tend à penser que cela pourrait être dû au nombre accru de nouveaux motoneigistes.
Les agriculteurs sont mécontents de ces agissements qui ont de grandes répercussions sur leurs champs. Les droits de passage des clubs de motoneiges sont très fragiles à certains endroits et bon nombre de sentiers en Ontario et au Québec ne tiennent que sur le bon vouloir des producteurs qui cèdent des droits de passage sur leurs terres et des bénévoles qui entretiennent et s’occupent de ces sentiers.
Au Québec, c’est 50 % des 33 000 kilomètres de sentiers qui sont situés sur des terres privées appartenant généralement à des producteurs agricoles et forestiers et c’est essentiellement la même chose en Ontario.
Lorsqu’un motoneigiste s’aventure hors du sentier balisé pour aller dans un champ ou un terrain inconnu, il ne sait pas ce qu’il peut rencontrer.
Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) a rappelé lors d’un récent avis de convocation de ses membres et des membres de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ), qu’il y a beaucoup de «dangers» en s’aventurant hors des sentiers.
«Il peut y avoir des dénivelés, des amas de roches, de l’eau non gelée […]», explique le président de l’UPA. Sans compter les clôtures cachées, les souches d’arbres et les fossés.
Pour les agriculteurs, le problème est tout autre. En effet, leurs champs, leurs cultures et les milieux naturels avoisinants peuvent être endommagés et avoir des répercussions économiques importantes.
La neige n’empêche pas l’agriculture
Il est bon de savoir que les champs enneigés ne sont pas toujours des champs sans cultures. Souvent, les agriculteurs sèment par exemple du blé d’automne (ou blé d’hiver) ou encore du seigle d’automne après les cultures estivales autour du mois de septembre. Ces cultures se retrouvent donc sous la neige tout l’hiver jusqu’au printemps. La neige leur sert d’isolant.
L’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) rappelle que «le passage des motoneiges hors-pistes compacte la neige, ce qui endommage les cultures, augmente la mortalité et nuit à la production durant la saison estivale.»
En effet, il suffit d’un seul passage de motoneige pour compacter la neige et ainsi rendre vulnérables les végétaux se trouvant sous celle-ci. Ces végétaux pourront subir des «brûlures» en gelant et ne repousseront pas au printemps. Le froid et la gelée peuvent se rendre jusqu’aux racines des plantes lorsque la neige est plus compactée.
Les champs de fourrages qui comprennent la luzerne pour faire le foin des animaux sont aussi très sensibles et dépendent d’une bonne couverture de neige pour assurer la survie de la plante. Même chose pour des champs de fraises ou des bleuetières : si les plantes gèlent, la production de l’année suivante peut être catastrophique et ceci peut engendrer de grandes pertes de revenus pour les producteurs.
Cette année, dans certaines régions, le problème est important, car plusieurs zones du Québec et de l’Ontario n’ont pas encore reçu de grandes quantités de neige, ce qui augmente la précarité des cultures.
Le lien entre les motoneigistes et les agriculteurs est important pour l’économie rurale comme le souligne l’UCFO dans son récent communiqué.
Toute la communauté de motoneigistes pourrait souffrir des inconduites de certains qui ne respectent pas les règles et perdre plusieurs droits de passage et de nombreux kilomètres de sentiers pour pratiquer leur passetemps.