Depuis le 4 mai et jusqu’en juillet, les gens qui se rendent à la descente à bateaux et les pêcheurs qui y taquinent le poisson peuvent voir une poignée de chercheurs sonder les profondeurs de la rivière des Outaouais, au pied du barrage de la centrale. Ils n’expérimentent pas une nouvelle méthode de pêche.
Ces chercheurs sont là pour identifier les espèces et les habitats présents à proximité de l’aménagement hydroélectrique de Carillon, entre autres des poissons qui sont «susceptibles de se reproduire en aval de l’aménagement de Carillon», précise Hydro-Québec, qui a installé des estacades en amont et en aval de la centrale hydroélectrique.
Cet inventaire est pratique courante. Le dernier a été effectué en 2018, dans le cadre du projet de réfection de l’aire de manœuvre située sur la rive gauche de la rivière, près de l’écluse. Ces opérations font partie d’une politique d’Hydro-Québec, qui vise à atténuer les impacts sur l’environnement de ses diverses installations.
Hydro-Québec réalise ainsi des études environnementales de différentes envergures en lien avec l’exploitation de ses infrastructures existantes, comme les centrales hydroélectriques, les lignes de transport et les postes de transformation), comme celui qui viendra remplacer l’actuel d’ici 2022, en principe.
Ces études se font également lors de projets de réfection d’équipements ou lorsque de nouvelles infrastructures sont construites.

Qu’à cela ne tienne : on étudie la faune ichtyenne
L’ichtyologie, vous connaissez? Du grec ichtyo, qui veut dire poisson, c’est la partie de la zoologie qui traite des poissons. Mais qu’étudie-t-on présentement à Carillon. Jean Novotni, biologiste professionnel en environnement et chargé de projet pour cette étude, explique qu’ils examinent les œufs et alevins (poisson qui n’est pas encore adulte), mais aussi les adultes. «On mesure leurs dimensions, ainsi que leur stade de maturité sexuelle.»
Pour y arriver, l’équipe doit d’abord saisir ses sujets. Pour les œufs, on utilise une trappe composée d’un bloc de ciment couverte d’un tapis poreux où se logent les œufs. Un filet de dérive sert à capturer temporairement aussi les œufs. «C’est un filet de forme conique qui retient tout ce qui dévale dans le courant», précise M. Novotni, ajoutant «qu’avec les œufs et les poissons, on arrive à avoir un bon portrait de la situation».
Par la suite, un rapport d’inventaire ichtyologique sera transmis au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, ainsi qu’au ministère des Ressources naturelles en Ontario.

Qu’y trouve-t-on (pas du thon)
Les principales espèces qu’on retrouve en aval de la centrale se divisent en deux types : les espèces d’eau froide, comme le doré, le meunier et l’esturgeon jaune, et les espèces d’eau chaude, comme l’alose savoureuse, un poisson très prisé par les pêcheurs. «C’est un coin très connu pour l’alose savoureuse, ici», affirme Jean Novotni.
L’équipe est formée de quatre travailleurs répartis dans deux chaloupes. Ceux-ci sont autorisés à naviguer à l’intérieur et à l’extérieur du périmètre délimité par l’estacade.
Hydro-Québec rappelle aux pêcheurs et autres curieux qu’ils ne doivent pas traverser les estacades afin de respecter une distance sécuritaire avec l’installation ».
En effet, sous des allures calmes, cette zone comporte de grands risques. Il suffit que des turbines-alternateurs repartent ou que des vannes soient ouvertes. «Vous ne pourriez pas échapper au bouillonnement qui en surgit», avertit Hydro-Québec.
*Une erreur s’est produite dans la version imprimée. Toutes les photos ont été fournies par l’équipe de chercheurs.